ANTHOLOGIE

COSMOPOLITE

Charles Bukowski.

" La première fois que j'ai mis les pieds à L.A., si j'ignorais jusqu'au nom de John Fante, je connaissais quasiment par coeur mon Nathaniel West. Ainsi que "J'aurais dû rester chez nous", un édifiant McCoy, et le Funiculaire des Anges, une épatante série noire de Vern Chute, qui valent bien tous les guides du routard. Ajouterais-je - mais c'est si convenu qu'on hésite à le faire - que j'étais en ce temps-là à tu et à toi avec Philip Marlowe, sans lequel Los Angeles se résumerait à un interminable trompe-l'oeil ". (Pulp).

Raymond Chandler.

" L'aile de Stillwood Crescent décrit nonchalamment une large courbe au nord de Sunset Boulevard, derrière le terrain de golf du country-club de Bel Air. Elle est bordée de propriétés jalousement emmurées et clôturées. Partout, ce ne sont que hautes murailles, muretins, clôtures en fer forgé ; certaines propriétés, un peu vieux jeu, se contentent de hautes haies taillées. La rue n'a pas de trottoir comme souvent à Beverly Hills. Personne ne marche à pied, dans ce quartier, même pas le facteur". (La Grande Fenêtre).

Michael Connely.

" Il aimait particulièrement cette ville la nuit, car la nuit dissimulait la plupart des drames. L'obscurité sentait le hasard, les caprices de la chance se déployant dans la nuit de néon bleu. Il y avait tant de façons de vivre. Et de mourir. Un jour on roulait dans la limousine noire d'un studio de cinéma, le lendemain on prenait place à l'arrière d'une camionnette bleue de la morgue. Le bruit des applaudissements ressemblait au bourdonnement d'une balle qui siffle à l'oreille dans l'obscurité. Le hasard. C'était ça Los Angeles". (La Glace noire).

Mike Davis.

" Sur les pelouses soigneusement entretenues du Westside, à Los Angeles, on voit chaque jour davantage de petites plaques menaçantes indiquer " Armed Respons ! " Même les quartiers plus riches, perdus dans les canyons ou accrochés aux collines, se retranchent derrière des murs gardés par des vigiles armées et par des systèmes de surveillance électroniques ultrasophistiqués. Au centre, une " renaissane urbaine " financée sur fonds publics a produit le plus grand centre d'affaires de tout le pays, véritable citadelle ségrégée des quartiers pauvres par un glacis architectural monumental. Le long de California Plaza, Hill Street est devenu un nouveau mur de Berlin qui sépare le luxe subventionné de Bunker Hill des foules hispaniques et noires de Broadway Street". (City of Quartz : Los Angeles capitale du futur).

Bret Easton Ellis.

" Les gens ont peur de se retrouver sur les autoroutes de Los Angeles ". (Moins que zéro).

" J'ai atterri à l'aéroport de Los Angeles, mardi après-midi, à moitié folle à cause du manque de sommeil, et me demandais ce que je faisais ici ! J'avais l'impression d'entrer dans un autre monde, 40° à l'ombre avec toutes ces créatures blondes et bronzées, le regard perdu (des phénomènes !), marchant sans me voir en allant reprendre leurs voitures. Je me sentais tellement pâle, j'avais un peu l'impression qu'aurait la seule fille blonde débarquant en Égypte ! Et je pensais que tout le monde me regardait : ni blonde, ni bronzée, ni jolie, alors ignorons-là. pendant les premiers jours, j'ai fumé des Exports A à la chaîne, en rasant les trottoirs et en rêvant de Camden. Je ne sais pas ce qu'il faut faire pour être accepté ici. Me faire bronzer aux U.V. ? me teindre les cheveux en blond ? tu me crois peut-être parano, mais je sens vraiment cette hostilité autour de moi. je m'habitue, mais c'est dur ". (Zombies).

James Ellroy.

" La 102 ème et Central avenue étaient un chaos de ruines fumantes, plein des sifflements des tuyaux à incendies et des grincements des pneus sur la chaussée maintenant mouillée ponctués par les hélicoptères de la police. Au loin, il voyait la cuvette toute plate de son L.A. adorée baignée de smog. Des spirales de flammes et de fumées en couvraient tout le périmètre sud. Deux jours plus tard, les émeutes de Watts étaient finies. L'ordre avait été rétabli dans les zones dévastées du Central Sud de L.A. 42 vies perdues étaient à déplorer- 40 émeutiers, un shérif adjoint et un Garde National dont on ne retrouva jamais le corps mais qui était présumé mort". (Lune Sanglante).

John Fante.

" Vous mangerez des hamburgers toute l'année, année après année, vous serez là à croupir dans des chambres ou des appartements cradingues et infestés de bestioles, mais tous les matins vous verrez le beau soleil, le sempiternel ciel bleu, et les rues sont pleines de femmes superbes que vous ne posséderez jamais, et les nuits chaudes semi-tropicales sentiront la romance que vous ne conaîtrez jamais, mais ça fait rien les gars, vous serez quand même au paradis, au pays du soleil". (Demande à la poussière).

Francis Scott Fitzgerald.

" Hollywood est une ville aux zones parfaitement distinctes, de sorte qu'on sait exactement, sur le plan économiqe, quelle sorte de gens vivent dans chaque secteur, depuis les producteurs et les metteurs en scène jusqu'aux figurants, en passant par les tecniciens dans leurs bungalows. Nous étions dans le quartier des producteurs, avec assortiment choisi de pâtisserie orenementale. C'était moins romantique que le plus miteux des villages de Virginie ou de New Hampshire, mais c'était plaisant à voir le matin". (Le dernier Nabab).

Allen Ginsberg.

" Vertes vallées et champs de Californie reliés par poteaux téléphoniques - États Désirés des Amants ! État étoilé d'Hollywood ! État de la poésie rock ! ". (Iron Horse).

Christopher Isherwood.

" Ces montagnes russes de petites collines abruptes, aux maisons blanches en stuc craquelé, perchées en équilbre instable à leur flanc et à leur sommets, sont rendues étranges plutôt que laides par l'inextricable et fol enchevêtrement des fils télégraphiques. Par groupes, les habitations-dortoirs au toit bas (invariablement dénommées " résidences " et vantées comme témoignant d'une conception nouvelle de l'existence) sont mises en service dès qu'elles sont reliées aux égouts et aux lignes électriques". (Un homme au singulier).

Bob Kaufman.

" 5 miles carrés de nymphomanie ultracontemporaine / 2 douzaines d'homo pour chaque sapiens au dernier top, / Plymouths hideuses échangent leur gaz avec les Buicks rouges / décapotables / Des mères de douze enfants réclament les pensions alimentaires / de leurs enfants, / Des radios d'occasion copulent avec les écrans Vistavision. / Des camés qui ne tapinent pas mais qui piquent la lumière / avec des bastos de naphtaline - CAMEINSECT-TRUST, / Maquereaux en chômage vivant sur les dos-néons / Des putains larguées ". (Solitudes, " Hollywood ").

Jim Morrison.

" Je vois ta chevelure brûler, tes collines sont en feu ; s'ils disent que je ne t'ai jamais aimée, tu sais qu'ils mentent. Descendre sur ton freeway les artères errantes de minuit, Flics en bagnole, bar topless, jamais vu une femme si seule (...), Motel argent meurtre folie, passons du bonheur à la tristesse ". (L.A. Woman).

Christopher Rand.

" Une façon de comprendre Los Angeles est de la considérer comme une machine. Toutes les villes modernes sont des machines, mais Los Angeles l'est plus encore que toute autre. C'est un engin qui bourdonne, fume, change constamment. Parce qu'elle a l'esprit aventureux en matière de technologie, elle est menacée encore plus que les autres par les inondations, les incendies et les tremblements de terre. Parce qu'elle s'étale sur des kilomètres, il lui faut aussi à tout moment se soucier d'entretenir des réseaux de transports rapides. Enfin, elle doit se pencher sur les problèmes de déchets, d'ordures, de smog et autres obscénités du même ordre, engendrés par ses activités". (Los Angeles Ultimate City).

Jean-Paul Sartre.

" Los Angeles ressemble à un gros ver de terre qu'on pourrait couper en vingts tronçons sans le tuer. Si vous parcourez cette énorme agglomération, probablement la plus grande du monde, vous rencontrerez succesivement vingt villes superposées, rigoureusement identiques les unes aux autres, chacune avec son quartier pauvre, ses rues commerçantes, ses bôites de nuit, sa banlieue élégante, et vous avez l'impression qu'un centre urbain de taille moyenne s'est reproduit à vingt exemplaires par scissiparité. J'ai retenu ce passage de Los Angeles : en pleine ville, deux imeubles modernes, deux cubes blancs, encadrent un terrain vague, au sol défoncé : Parking. Quelques autos sont rangées là, qui paraissent abandonnées. Un palmier croît entre les autos, comme une mauvaise herbe". (Situations).

André Velter.

" Les papillons de Los Angeles se brisent au rythme des clignotants de détresse. Nous traversons les villes au couteau. Un charnier d'illusions sécrète une parure de forçat. L'homme de tous les possibles dérive dans la lumière. L'image se détruit jusqu'à la pourriture des miroirs. On ne sait plus qui se détache de la nuit ". (Préf. à Seigneurs et Nouvelles Créatures " de Jim Morrison).

Vernon Sullivan (Boris Vian).

" Si vous n'avez jamais rendu visite à Douglas, vous n'avez jamais vu une chambre en désordre. Il habite un hôtel dans Poinsettia Place, à peu à égale distance de tous les studios de Hollywood, et ça lui permet de se lever très tard et de ne pas perdre de temps pour faire ses papiers idiots. Poinsettia c'est entre le Wilshire Country Club et le stade Gilmore, et c'est un coin pas plus bruyant que le reste de cette damnée ville. Venant d'où je viens, vous prenez la 2e Rue et Beverly Boulevard, et ça va assez vite ". (Et l'on tuera tous les affreux).

Los Angeles Central Library. Construite en 1926, la Bibliothèque Centrale est la mémoire littéraire de la ville.

Château Marmont Hotel, sur le Sunset Strip. Construit en 1926, copie d'un château de la Loire, il est le lieu de séjour des stars et des écrivains.

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